Tout fout le camp!
Peut on vendre les collections publiques des musées? Pourquoi existe t-il un malaise dans les musées? Pourquoi nos musées se vendent à l'étranger? Ces principales questions taraudent mon esprit? Je suis tellement amoureuse de la culture que j'ai mené ma petite enquête. La rédaction de cet article est né d'une désillusion et d'un désenchantement.
Le secteur muséal connaît de profondes mutations depuis l'annonce présidentielle particulière. Sarkozy a osé dire, dans la lettre de mission adressée à la ministre de la culture, qu'il fallait lever le principe d'inaliénabilité (cette règle intangible garantit la pérennité du patrimoine en le mettant à l'abri des changements de régimes politiques) des oeuvres artistiques (cf le rapport Riguad mis en ligne sur www.culture.gouv.fr). Ce principe régis les oeuvres depuis cinq siècles. J'imagine bien que Louis XIV et les autres rois auraient refusé! Un loi jugée rudimentaire. C'est une provocation et une leurre. Rappelez vous de l'éventuelle création du Louvre d'Abou Dhabi, en échange d'une compensation financière, avec des oeuvres prêtées pour une durée illimitée. Derrière cette malencontreuse affaire se cache le marché commercial et stratégique tournant autour de la vente d'avions civils et militaires. Le conservateur général du Patrimoine a fait part de ses inquiétudes dans une lettre ouverte à Jack Lang en janvier. La cession de la marque "Louvre" est en totale contradiction avec l'article issu du code déontologie de l'ICOM précisant que les collections des musées sont constituées pour la collectivité et ne doiven ten aucun cas être considérées comme un actif financier. Le caractère non lucratif est bien souligné.
Nous allons, certes, de plus en plus vers un système de marchandisation et la commercialisation des biens. Seront-ils réellement réduits sous forme d'entrepôts où chacun se servira comme bon lui semble? Les nombreux produits dérivés (c'est le cas, par exemple, du musée du Louvre) en sont l'excellence preuve. C'est une atteinte à l'identité muséale.
Il se trouve que cette pratique n'a ni lieu en France, ni en Italie (le paradis des oeuvres suprêmes!), ni en Espagne. Sauf dans quelques pays nordiques (Pays Bas, Norvège) et aux USA. Notre chère ministre de la Culture argue que c'est une excellente opportunité permettant la respiration des collections. Je tressaillie lorsqu'elle sous entend la gestion de la culture comme une entreprise de petit pois. Qu'est ce que ça veut dire? Une phrase ambigue. Tout d'abord parce que selon elle les réserves étoufferaient et il faudrait alors faire le tri pour faire de la place. Vous savez bien que lorsque nous faisons le tri, nous privilégions plutôt en premier lieu nos préférences personnelles. Ce grave fait remet en en cause la valeur des oeuvres. Une oeuvre est jugée immatérielle lorsqu'elle ne plaît pas ou lorsqu'elle ne rapporte pas des crédits. C'est se calquer sur le fonctionnement d'une entreprise privée soucieuse de la rentabilité et de la gestion du capital. Quel sera le sort réservé aux oeuvres supposées encombrer les réserves? Le rapport de Lévy Jouyet, L'économie de l'immatériel, préconise le classement des oeuvres en deux catégories : les trésors nationaux intouchables et les oeuvres dite "libre de droit". Ce qui sous entend qu'elles pourront être aussi bien vendues que louées.
Jacques Rigaud explique en substance que les musées doivent plutôt se préoccuper davantage des services public et de l'embauche que de faire la course à l'évenementiel. Selon lui, c'est une somme de connaissance sédiementées par le temps. Une sorte de mémoire longue, vivante et évolutive. C'est donc totalement incompatible avec la conception que Sarkozy impose.
Une drôle humanité!