Calle Santa Fe

Ce beau documentaire, réalisé par Carmen Castillo (épouse de Miguel Enriquez dirigeant du MIR - Movimiento de la Izquierda Revolucionaria), est un voyage sans complaisance sur les lieux du crime. Empreinte du décés de son compagnon. Tué, lors d'un assaut, par les escadrons de la mort le 5 octobre 1974. Une journée fatale et de deuil. Carmen sera blessée et perdra son enfant le jour même. Elle sera expulsée du Chili pour n'y revenir que beaucoup plus tard.  Santa Fe est le point de départ : une rue de Santiago remplie de souvenirs volés. Disparus à jamais. Clandestinité. Répression, douleur et violence. Carmen est une voyageuse sans bagages. Une icône révolutionnaire par excellence. Elle n'a plus rien sauf l'amour inconditionnel de sa famille. Celui de Miguel plane toujours. Un voyage dans les limbes de la mémoire des vaincus et des opprimés. Une déambulation sous forme d'errance.

On découvre le Chili démocratique d'Allende dans les années 70 et la dictature féroce s'ensuivant jusqu'en 1990. Le présent se mêle au passé avec des images d'archives. Une série de différents témoignages, provenant des "companeros", nous bouleverse. Des destins uniques et individuels broyés par la dictature. Une union fortifiée par des actes de résistance. Des êtres façonnés par leurs engagements politiques. Une nécessité. Un brassage révolutionnaire qui a fait naître l'espoir et l'espérance. Toute l'histoire d'une génération de révolutionnaires est relatée et celle d'un pays brisé. Il a du mal à se relever. A l'heure actuelle, l'ombre de la gangrène , le néolibéralisme, plane et situe les jeunes face à un dilemme ... La question du  sens des vies engagées est sans cesse explorée sous forme d'interrogations et de dialogues avec une sincérité.